Le passé étant gage d’avenir, dit-on, il est parfois intéressant de s’interroger sur la notion que nos sociétés occidentales nomment le progrès scientifique.
Par exemple, en médecine, des progrès ont été réalisés notamment dans le domaine du diagnostic, mais également des traitements de certaines pathologies dont les enfants mourraient prématurément.
Lors de la fondation de l’hôpital Ste Justine en 1907, le taux de mortalité infantile se situait à Montréal à 224 décès pour mille naissances. La plupart provoqués par des maladies infectieuses et contagieuses, pulmonaires et des diarrhées causées par la mauvaise qualité de l’eau et du lait. Ce taux plaçait Montréal juste devant Calcutta.
L’apport des sciences médicales et de la santé publique ont joué un rôle considérable dans la baisse drastique de la mortalité infantile dans nos pays.
Mais aujourd’hui, si la mort d’un enfant est devenue une exception dans nos contrées occidentales, 7,5 millions d’enfants meurent annuellement avant l’âge de 5 ans dans les pays dit du Sud. La plupart parce qu’ils n’ont pas accès à des soins de santé, à des traitements médicamenteux ou à cause des conditions d’hygiène de base et à la malnutrition.
Le défi de notre réseau dans les prochaines années est de transmettre et de partager nos expertises du Sud au Nord et du Nord au Sud. Avec Médecins du Monde Suisse nous avons déjà commencé modestement ces échanges de compétence. A Kinshasa d’abord, Yaoundé, Lomé et Managua cette année, cette collaboration multilatérale devrait continuer et s’intensifier après notre congrès. C’est dans cet objectif que nous sommes très heureux d’accueillir cette année de nombreux collègues africains.
Si l’approche palliative en pédiatrie est encore à construire dans plusieurs pays, elle est encore trop souvent associée à la phase terminale dans nos propres institutions.
Or nous constatons que, grâce aux soins et aux avancées de la médecine, les jeunes patients en oncologie ou souffrant de pathologies neurologiques ou génétiques, vivent plus longtemps qu’auparavant. Mais comme les pathologies des patients sont multiples, les prises en charges deviennent de fait de plus en plus complexes. Elles demandent une expertise interdisciplinaire et l’intervention de diverses spécialités médicales indispensables aux traitements des symptômes à l’hôpital comme à domicile.
Est-ce un progrès? Je n’ouvrirai pas le débat éthique avec ces quelques mots d’introduction. La complexité se trouve autant dans les pathologies que dans la manière d’aborder ces nouveaux défis qui s’ouvrent aux soins palliatifs pédiatriques. Par conséquent, j’espère que nous aurons l’occasion de partager nos interrogations, nos échecs et peut être nos réponses lors de ce 7ème congrès.
Bienvenue à Montréal, dans les lueurs rouges des érables de l’automne naissant de la Belle Province.
Pr Nago Humbert